Passer un mauvais quart d’heure avec l’Inquisition !

L’usage de la torture était extrêmement réglementée dans les tribunaux de l’Inquisition: les bourreaux n’avaient droit qu’à… un quart d’heure, et sous surveillance d’un médecin. Le Guardian évoque dernièrement, les travaux des historiens qui travaillent sur la période controversée de l’Inquisition catholique.

https://www.theguardian.com/world/2004/jun/16/artsandhumanities.internationaleducationnews

Et notamment le volumineux ouvrage du professeur Agostino Borromeo, historien du catholicisme à l’Université La Sapienza de Rome, qui a dirigé les 783 pages d’un livre paru récemment sur la question. Pour l’historien, qui s’appuie sur de très nombreux documents d’archive du Vatican, les personnes jugées par l’Inquisition entre le 13e et le 19e siècle en Espagne sont au nombre de 125.000, et sur ce total, seul 1% d’entre elles ont été exécutées.Ce qui fait tout de même 1250 en 6 siècles.. Cela dit, le Guardian, note que bon nombre des milliers d’exécutions traditionnellement attribuées à l’Eglise étaient en réalité le fait de tribunaux civils.

.

En fait, l’Inquisition était une juridiction spécialisée catholique, chargée d’émettre un jugement sur le caractère orthodoxe ou non (par rapport au dogme religieux) des cas qui lui étaient soumis. Ce pouvoir a été attribué pour permettre d’examiner rapidement et efficacement tout ce qui pouvait être soupçonné d’hérésie. L’accusé bénéficiait d’une protection générale certaine dans la manière dont on punissait le faux témoignage : les témoignages étaient obtenus sous serment, et le crime de parjure était sévèrement sanctionné par la réclusion à vie.Il avait généralement le droit à un défenseur, mais ce droit était le plus souvent théorique dans le cas de l’Inquisition, faute de volontaire. Les avocats d’hérétiques risquaient d’être eux-mêmes accusés de complaisance avec l’hérésie poursuivie. Pour la même raison, les accusés traduits devant un tribunal d’Inquisition ne bénéficiaient généralement pas de la présence de témoins à décharge.

.

Cette procédure inquisitoriale accordait une grande importance à l’aveu de l’accusé. En effet, juridiction religieuse, l’inquisition se préoccupait du rachat des âmes donc souhaite obtenir le repentir des accusés. inquisition gifToute une procédure fut alors mise en place pour obtenir leur témoignage. Et les aveux obtenus sous la torture n’étaient pas recevables. De plus, la question ne pouvait être donnée qu’une fois. La fréquence de l’usage de la torture, utilisée aussi dans les tribunaux séculiers, fut évaluée entre 7 et 10 % du nombre de prisonniers de l’Inquisition espagnole. Mais trait singulier de la torture, la noblesse ne bénéficiait pas de privilège particulier comme cela était le cas auprès des autres tribunaux ! Cet usage posait un problème moral aux  inquisiteurs, car, en tant que clercs, ils n’avaient pas le droit de verser le sang. En étaient exclus les enfants, les femmes enceintes et les vieillards.

16 commentaires sur “Passer un mauvais quart d’heure avec l’Inquisition !

  1. tien dit :

    « La Révolution française a fait plus de morts en un mois au nom de l’athéisme que l’Inquisition au nom de Dieu pendant tout le Moyen-Âge et dans toute l’Europe » Cette citation est de l’historien Pierre Chaunu.

    La création de l’Inquisition au XIIIe siècle marque de réels progrès en matière de justice. D’abord en confiant à un tribunal, c’est-à-dire une institution de justice, des hérétiques dont l’impopularité était telle qu’ils étaient l’objet de la violence aveugle des foules ou des autorités politiques : ils étaient ainsi soustraits au lynchage.

    Ensuite cette institution de justice, même si elle n’offre pas aux prévenus toutes les garanties de nos procédures modernes et démocratiques, comporte bien des éléments originaux qui la diffèrent des justices ordinaires de l’époque : l’instruction est inquisitoire et secrète (recherche par voie d’enquêtes et de questionnements). Le tribunal de l’Inquisition cherche avant tout à établir la vérité au nom de l’intérêt de la société (comme le ministère public). Il s’écarte de la procédure accusatoire du droit romain où le juge arbitrait les litiges entre deux parties argumentant chacune en sa faveur. De plus le dénonciateur calomnieux subit la peine encourue par celui qu’il a dénoncé. Pour l’historien Bartolomé Bennassar, « l’Inquisition, par ses méthodes d’investigation et le fonctionnement de son tribunal, a contribué à inventer les règles d’une procédure nouvelle », débouchant à terme sur le système juridique contemporain, à cette nuance près que l’accusé y était présumé coupable.

    Les enquêtes scrupuleuses offrent cependant des garanties aux prévenus. L’accusé peut réfuter les accusations de l’inquisiteur et récuser certains témoins. Il peut aussi produire des documents ou exposer des faits tendant à prouver l’inanité des charges portées contre lui.

    Enfin cette institution est confiée à des professionnels dotés de manuels très codifiés et soucieux du droit. En 1246, le concile régional de Narbonne demande que la condamnation soit portée exclusivement après un aveu formel, ou au vu de preuves irréfutables. Mieux vaut, estime l’assemblée, relâcher un coupable que condamner un innocent. Pour obtenir cet aveu, la contrainte peut être utilisée : soit par la prolongation de l’emprisonnement, soit par la privation de nourriture, soit enfin par la torture. Le recours à la torture est rare et contesté. Longtemps l’Église y a été hostile. En 866, le pape Nicolas Ier déclare que ce moyen « n’était admis ni par les lois humaines ni par les lois divines, car l’aveu doit être spontané ».

    A noter que tout le monde sans exception pouvait être jugé par l’inquisition. Alors que les autres juridictions étaient tenues par les nobles. Ils n’allaient pas se condamner ! D’où l’impopularité de l’inquisition !

  2. Atlas dit :

    On ignore délibérément que c’est l’Inquisition qui a inventé : l’avocat de la défense, jusque-là inconnu dans les procédures judiciaires civiles, le recours aux témoignages alors qu’on se contentait jusque-là des aveux (spontanés ou forcés) ou des dénonciations, la présence obligatoire du médecin lors des tortures, le recours exceptionnel et modéré à la torture qui ne devait pas excéder la durée d’un quart d’heure, la vérification scrupuleuse des dénonciations et les confrontations du prévenu et du dénonciateur, la récusation des témoins par les accusés. Enfin, l’abjuration du prévenu suffisait à une condamnation très allégée.

  3. Line dit :

    L’inquisition pour les nuls :
    http://www.linquisitionpourlesnuls.com/

    Conférence audio du Père Bernard Peyrous (ancien Professeur d’histoire à l’Université de Bordeaux, attaché au CNRS) :
    http://www.rdlvgc01.fr/les-croisades-linquisition-par-le-pere-bernard-peyrous.html

    Les croisades, l’inquisition et les bouffons par Jean-Pierre Aussant :

  4. Otho dit :

    Par une bulle du 5 décembre 1484, le pape Innocent VIII fait enquêter sur les sorciers, les sorcières et la sorcellerie, en vue de définir les signes auxquels on peut reconnaître le pacte d’un individu avec le démon !

    Comme l’atteste cet acte, c’est bien à la fin du Moyen Âge, tandis que la foi médiévale recule au profit de la philosophie gréco-romaine, que les prétendues sorcières sont désignées à la vindicte publique ! Quand la foi recule se développent les superstitions.

    Au Moyen Âge, on ne brûle pas les sorcières, mais on les expose et on les traite en pauvres folles. Tout change à partir du moment où disparaît l’Inquisition, en France et dans les pays germaniques : les tribunaux civils héritent des procès en sorcellerie et les juges, à la différence des inquisiteurs, croient volontiers au pouvoir maléfique des sorcières. Ils les font en conséquence brûler à l’égal des hérétiques.

    C’est un bon exemple de la désinformation actuelle qui fait passer l’Inquisition pour un pouvoir judiciaire injuste. La plupart des criminels de l’époque préféraient être jugés par l’Inquisition que par un tribunal civil. Cette dernière était bien plus clémente que des tribunaux expéditifs.

    A relire, le chapitre du livre de Jean Sévilla « Historiquement incorrect », qui traite de ce sujet.

  5. Carlos dit :

    Marion Sigaut : la chasse aux sorcières et l’Inquisition
    En fait ce n’est pas au Moyen Age qu’elle a eu lieu mais à partir de la Renaissance ! De plus elle fut plus importante en pays protestant car ne disposant pas d’une autorité supérieure capable d’arrêter cette folie ! C’est ainsi qu’à Rome il n’en y eut pas. Jules Michelet fut un historien manipulateur. Dans son livre de 1862 « La Sorcière » il explique qu’elle n’était qu’une révoltée au régime de l’époque. Le Satan en question n’était qu’un serf dissident !

    • Willy dit :

      Tout à fait, La chasse aux sorcières commence surtout à partir du XVIe siècle et non au Moyen Age. Et ce n’est pas l’Inquisition qui les brûle mais des tribunaux laïcs majoritairement de pays protestants. Sans doute entre 30 et 50 000 furent jugés de cette manière. Le siècle des Lumières qui était anticlérical est responsable des mensonges qui furent ensuite coltinés contre l’Inquisition.


      Maria Elvira Roca Barea, issue d’une famille républicaine et franc-maçonne, s’affirme non croyante. Pourtant elle s’est intéressée pendant de longues années sur toutes les accusations lancées contre l’Eglise catholique, sur son rôle en Espagne, et sur l’Inquisition. Elle a publié un livre sous le titre Imperiofobia y leyenda negra, « Empirophobie et légende noire ».

      Première légende : l’idée que la Réforme aurait fait de la religion une affaire privée en même temps que la Contre-Réforme aurait permis à la religion de conserver son rôle social.

      « Il n’y a rien de plus faux que cette affirmation. C’est précisément l’inverse. Quel est le pays d’Europe occidentale qui a aujourd’hui comme chef d’Etat le chef de l’Eglise ? La Grande-Bretagne. Dans quel pays a-t-il été impossible jusqu’à il y a peu d’occuper une charge publique sans appartenir à la religion nationale ? En Grande-Bretagne et dans d’autres pays protestants. Cela veut dire que le protestantisme s’est constitué en Eglises nationales et que de ce fait la dissidence religieuse s’est transformée, non en délit religieux mais en délit contre la nation, contre l’Etat. Il en a été ainsi au Danemark et dans les Etats luthériens du Saint Empire germanique… C’est précisément dans le monde catholique que le délit religieux continue d’être religieux et n’est pas considéré comme portante atteinte à l’Etat ».

      C’est ce qui a notamment justifié le maintien d’une loi contre le « blasphème » au Royaume-Uni jusqu’en 1976.

      « L’Inquisition a existé, évidemment qu’elle a existé, mais c’était une institution de petite envergure, qui n’a jamais eu les moyens d’influencer de manière décisive la vie des pays catholiques ».

      Elle donne l’exemple du roman Lazarillo de Tormes, condamné par l’Inquisition mais qu’on pouvait acheter partout et qui 20 ans après sa parution, était étudié dans toutes les universités espagnoles.

      « L’Inquisition était une institution très bien organisée, bien mieux réglementée que n’importe quel autre institution de son temps, et où la religion continuait d’être affaire de religion et non de l’Etat. On s’occupait des délits qui sont au encore aujourd’hui des délits, tels les délits contre l’honnêteté : le proxénétisme, la pédérastie, la traite des Blanches, le faux-monnayage, la falsification de documents… elle avait un champ d’action très large. Le fait de se constituer de manière très organisée, réglementée et stable sur le plan judiciaire pour traiter des dissidences religieuses, a évité les massacres que celles-ci ont provoqués du côté protestant. Nous connaissons toutes et chacune des sentences de mort qui y furent prononcées. Elles sont très bien documentées dans une étude du Pr Contreras et du Danois Henningsen. L’Inquisition a jugé 44.000 causes au total depuis 1562 jusqu’à 1700, avec au final 1.340 morts environ. Et voilà toute l’histoire. Calvin a envoyé au bûcher 500 personnes en vingt ans seulement, pour hérésie. Quand on s’intéresse aux faits barbares qui se sont produits côté protestant, il n’y a pas de comparaison, entre autres choses parce que le calcul des morts qu’a pu provoquer l’intolérance protestante ne peut se faire que de manière approximative, puisque dans la plupart des cas, il n’y eut ni jugement, ni avocat, ni droit de la défense : ce fut par le procédé barbare du lynchage, rien de plus. Cela ne s’est jamais produit dans les zones catholiques, jamais…. Ce qu’il faut voir, c’est comment été gérée cette intolérance religieuse dans les différents endroits. Elle fut beaucoup plus civilisée est beaucoup plus compréhensive dans la partie catholique, et donc en Espagne. En Angleterre, ainsi que dans les principautés luthériennes protestantes au nord de l’Europe, les persécutions à l’encontre de la population furent atroces. Il y eut aussi tout le phénomène de la chasse aux sorcières, absolument démentiel, qui a provoqué des milliers de morts. Cela ne s’est pas produit dans le monde catholique et cela ne s’est pas produit en Espagne parce qu’il y avait d’Inquisition qui a évité cette barbarie… Il nous est resté cette idée que Martin Luther n’avait pas d’autre choix que de rompre avec l’Eglise parce que l’Eglise était intolérante. Non, c’étaient eux, les intolérants. Les princes protestants ont imposé des conversions forcées. S’ils ne te tuaient pas, ils te confisquaient tes biens. Si tu ne partais pas, tu devais te convertir. Les catholiques ne toléraient-ils pas les protestants ? Sans doute, mais les protestants toléraient encore moins les catholiques ».

  6. Gabi dit :

    Les membres de l’Inquisition n’étaient pas des tortionnaires comme aimerait nous le faire croire les héritiers de la franc-maçonnerie révolutionnaire ! Felice Peretti par exemple en était membre tout en étant un prédicateur franciscain. Sacré évêque de Sant’ Agata dei Goti puis de Fermo, il est ensuite élu pape, le 24 avril 1585, à la mort de Grégoire XIII sous le nom de Sixte V en hommage à Sixte IV, autre pape franciscain.

    La vérité sur l’Inquisition (l’enquête) à partir de 36 mn : ou l’explication sur ce tribunal ecclésiastique d’exception (car se substituant à l’évêque) qui s’appuyait sur l’ordre dominicain pour juger les hérétiques chrétiens. La procédure inquisitoire actuelle vient de là. Bien entendu, les penseurs dits des Lumières comme Voltaire (1694-1778), quand ils voulurent noircir le Moyen Age, puis les milieux anticléricaux au XIXe siècle, exagérèrent lourdement sur cette institution qui était pourtant largement en avance sur son temps question jugement. La justice seigneuriale était bien plus expéditive et cruelle. Il existait notamment une forme de preuve judiciaire et religieuse qui consistait à soumettre les plaidants à une épreuve physique dont l’issue, déterminée soi-disant par Dieu, désignait leurs sorts.

    Il y avait :

    – l’ordalie par le fer rouge (ou ferrum candens) qui consistait à porter une barre de fer rougie sur neuf pas (ou marcher sur des socs de charrue chauffés à blanc). La main était par la suite bandée dans un sac de cuir scellé par le juge. Pour savoir si l’accusé était coupable ou innocent, on regardait trois jours plus tard l’évolution de la plaie. Si la plaie était « belle », donc bien cicatrisée, cela prouvait l’innocence. Une vilaine plaie prouvait la culpabilité, la sentence étant proportionnelle à son état. C’est de cette pratique que viendrait l’expression « mettre sa main au feu » lorsqu’on est sûr de son fait ;
    – l’ordalie par l’eau bouillante (ou aqua fervens). L’accusé devait plonger son bras dans un chaudron bouillant, et ramener le caillou (ou plus souvent l’anneau béni) qui s’y trouvait. Une fois de plus, on bandait le bras brûlé et on vérifiait l’état de la plaie quelques jours plus tard ;

    – l’ordalie par le feu. L’accusé devait traverser deux bûchers entrecroisés sans se brûler, afin de prouver son innocence ;

    – l’ordalie par l’eau froide (ou aqua frigida). L’accusé (épreuve souvent appliquée aux sorcières) était plongé dans une eau froide bénite (souvent une rivière). S’il coulait c’est qu’il était « reçu » par l’eau bénite et donc était innocent, si le corps flottait cela prouvait sa culpabilité. Montesquieu rapporte que la plupart des femmes accusées de sorcellerie étaient âgées, frêles, voire squelettiques car vivant en marge de la société. Elles avaient donc tendance à flotter. Cette épreuve était déjà appliquée en Mésopotamie où on l’appelait « jugement du fleuve » ;
    – l’ordalie du fromage et du pain. On gavait l’accusé de fromage et de pain. S’il n’arrivait pas à avaler, s’étouffant, il était coupable, d’où l’expression « rester en travers de la gorge ». Le fromage peut être remplacé par l’hostie : en 868, le concile de Worms recommande aux évêques de remplacer le fromage par une hostie consacrée lorsqu’il s’agit de prêtres accusés.

  7. Tom dit :


    Quand on parle en France de l’inquisition, il y a toujours quelqu’un pour évoquer le procès de Galilée, dont la sentence fut rendue au couvent dominicain de Santa-Maria le 22 juin 1633.

    (peinture de l’Italien Severino Baraldi)
    L’affaire devint, avant même la révolution, un exemple flagrant de désinformation pour discréditer l’Eglise catholique et montrer que la science et la foi sont incompatibles. Car en fait, Galilée n’a ni démontré la vérité du système de Copernic ni été torturé par l’Inquisition. Il n’a pas dit non plus « Eppur si muove » (et pourtant elle tourne), phrase inventée au XVIIe siècle, utilisée par Giuseppe Baretti en 1757 à Londres et reprise par Bertold Brecht en 1938 dans sa pièce La Vie de Galilée.


    En fait au XVème siècle, Nicolas Copernic, prêtre polonais et scientifique important, énonce une théorie sans la prouver : le mouvement des planètes s’expliquerait mieux s’il était ordonné autour du soleil plutôt que de la terre. Il construit un modèle mathématique, l’héliocentrisme. Ses travaux sont très bien accueillis à Rome. Seul Luther le traite de fou. D’ailleurs, tous les réformés s’opposent à ses travaux ! Et pourtant, c’est l’Eglise catholique qui se voit intenter un procès d’obscurantisme ! Pendant plus de cent ans, c’est l’Eglise qui défend les scientifiques contre les adversaires de l’héliocentrisme ! Elle va même jusqu’à protéger les scientifiques protestants, comme l’allemand Johannes Kepler, qui trouve refuge chez les Jésuites après des découvertes complémentaires à la théorie de Copernic. Alors pourquoi la condamnation de Galilée ?


    En 1609, il s’attribue la découverte d’un opticien hollandais ; mais le plus grave est que malgré la protection du cardinal Barberini, futur pape, tous ses écrits sont polémistes. Il ne démontre rien, il affirme et met ses adversaires au défi de prouver qu’il a tort. Son caractère hautain et méprisant est pour beaucoup dans sa condamnation. Par deux fois, l’Inquisition affirme qu’elle ne trouve pas d’hérésie dans les écrits de Galilée (1615). Ses détracteurs s’attaquent alors aux écrits de Copernic et, à une époque où tout le monde croit que la terre est le centre du système solaire, l’Eglise demande simplement à Galilée de présenter ses écrits, non comme la vérité, mais comme une théorie, puisque ni Copernic, ni lui, ne sont capables de prouver ce qu’ils ont avancé. Les cardinaux qui le protègent lui demandent aussi de ne pas mélanger les saintes écritures à ses écrits. Il accepte et tient sa promesse pendant 7 ans. Pendant cette période, non seulement il n’apporte aucune preuve à ses théories, mais se met à dos les jésuites, qu’il ridiculise sur le sujet du déplacement des comètes, alors que ce sont eux, en la personne du père Grassi, astronome du Collège romain, qui ont raison : « Vous n’y pouvez rien, il a été donné à moi seul, de découvrir tous les nouveaux phénomènes du ciel, et rien aux autres. »


    En 1624, son protecteur, le cardinal Barberini est élu pape. Galilée lui expose un projet de livre comparant les différents systèmes : Ptolémée, Copernic, Kepler. Le pape l’encourage en lui conseillant de les présenter tous les trois comme des théories et surtout de ne pas y mêler la religion. Le livre terminé Galilée demande l’imprimatur au Saint Office ; ce dont il n’a pas besoin pour un livre scientifique. Il l’obtient moyennant quelques modifications et rajouts qu’il accepte. L’imprimatur signifie que le livre doit être imprimé à Rome. Il le fait imprimer à Florence et en profite pour le faire paraître avec l’imprimatur, mais en ayant totalement changé le texte. L’inquisition se saisit bientôt du sujet et, malgré l’amitié que le pape lui accorde toujours, Galilée passe en jugement. Les règles juridiques sont grandement adoucies à la demande du Saint-Père. Le jugement tombe qui lui reproche son manque d’obéissance et son mensonge, mais aussi l’absence de preuve, dans ce qu’il présente comme la vérité et non comme une hypothèse. L’utilisation des Ecritures dans ses écrits le fait condamner aussi pour hérésie formelle.

    La sentence du 22 juin est modérée : interdiction d’enseigner et de se livrer à l’interprétation des Ecritures, mise à l’index de son livre le Dialogue, une peine de prison sans durée fixée (il sera assigné à résidence chez l’ambassadeur de Florence 5 mois !) et la récitation hebdomadaire pendant 7 ans des psaumes de la pénitence. C’est d’ailleurs sa fille aînée religieuse qui le fera à sa place !

    • Zoe dit :

      La gloire de Galilée repose surtout sur des découvertes qu’il n’a jamais faites et sur des exploits qu’il n’a jamais accomplis.

      Contrairement aux affirmations de nombreux manuels, même récents, d’histoire des sciences, Galilée n’a pas inventé le télescope. Ni le microscope. Ni le thermomètre. Ni l’horloge à balancier. Il n’a pas découvert la loi d’inertie ; ni les taches du soleil. Il n’a apporté aucune contribution à l’astronomie théorique. Il n’a pas laissé tomber de poids du haut de la tour de Pise ; et il n’a pas démontré la vérité du système de Copernic. Il n’a pas été torturé par l’Inquisition, ni excommunié, il n’a pas dit « Eppur si muove » (« Et pourtant elle tourne ») ; il n’a pas été un martyr de la science.

      On lit souvent aussi que Pie XII, dit « le pape d’Hitler », était antisémite ; que l’obscurantisme a freiné la science jusqu’à l’arrivée des Lumières ; et que les croisades furent le premier exemple de l’avidité occidentale. Ces affirmations sont sans fondements historiques. C’est ce que démontre dans son ouvrage, ‘Faux témoignages, Pour en finir avec les préjugés anticatholiques’, l’éminent professeur protestant de sociologie des religions Rodney Stark. Selon lui, tout a débuté avec les guerres déclenchées en Europe à la suite de la Réforme qui a opposé protestants et catholiques et fait des millions de morts. A la même époque, l’Espagne apparaissait comme la principale puissance catholique. Par réaction, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont alors déclenché d’intenses campagnes de propagande qui décrivaient les Espagnols comme de fanatiques barbares assoiffés de sang. Il rejoint ici l’avis de l’éminent historien du Moyen Age, Jeffrey Burton Russel : « D’innombrables livres et pamphlets furent édités par les presses du Nord accusant l’empire espagnol de dépravation inhumaine et d’horribles atrocités… L’Espagne était décrite comme un lieu de ténèbres, d’ignorance et de mal. »

      Cela dit, comme le remarqua le nobelisé Arthur Koestler, l’Ancien Testament peut être trompeur !

      Josué 10.12 « Alors Josué parla à l’Eternel, le jour où l’Eternel livra les Amoréens aux enfants d’Israël, et il dit en présence d’Israël : Soleil, arrête-toi sur Gabaon, Et toi, lune, sur la vallée d’Ajalon ! »

      Mais que disait saint Jérôme (347-420) : « Il est de nombreux passages de l’Écriture qui doivent être interprétés selon les idées du temps et non selon la vérité même des choses. »

      Tout le long de l’histoire, l’Église catholique a non seulement permis l’épanouissement des sciences, mais elle a tout fait pour que les scientifiques puissent mener leurs expériences et leurs travaux. Beaucoup de savants furent des chrétiens fervents, parfois même des prêtres ou des moines. Comme le rappellent Éric et Émeline Picard dans ‘L’Église en procès’, « pour l’Église, il existe deux voies reconnues d’accès à la vérité et donc à Dieu : d’un côté le livre de la Révélation, l’Ancien et le Nouveau Testament, lu dans la foi, de l’autre le livre de la nature déchiffré par la raison et la science dans un mouvement lent, difficile et progressif. » Ils ajoutent : « Dieu étant le créateur de l’un comme de l’autre, il ne saurait y avoir de contradiction qu’apparente entre les deux. » L’Église, dès ses débuts, a promu la liberté en matière scientifique, comme sur le plan social, politique, économique, estimant qu’il n’était pas de son ressort de s’en mêler

      Luc 20:25 : « Rendez donc ce qui est à César à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

      Le royaume de Dieu est céleste et non terrestre, Dieu et l’État sont séparés. D’où la disjonction du spirituel et du temporel, qui a procuré à l’individu une liberté sans équivalent dans les autres civilisations. D’où ces progrès scientifiques que l’on observe dans la civilisation chrétienne. Au XIIe siècle, rappelle le sociologue américain Rodney Stark, l’Église invente l’université. Celle-ci fera beaucoup pour le développement du savoir, quel qu’il soit. Au XIIIe siècle, Paris, Bologne, Oxford et Toulouse comptaient chacune mille à mille cinq cents étudiants.

  8. Benoit dit :

    Le Moyen Age en Forez : on y apprend que le droit de cuissage était en fait le droit de cuisson (à 29 mn) :

    Le travail au Moyen Âge, des clichés à la réalité : Vers l’an 1000 on avait plus de jours de repos que de travail.

  9. Cubitus dit :


    Ce que tous les commentateurs si prompts à défendre l’Inquisition oublient, c’est que c’était quand même la liberté de conscience et d’expression qui étaient criminalisées. Le genre de choses qui a amené la tuerie de Charlie Hebdo. Les inquisiteurs ne valaient d’ailleurs pas mieux que les frères Kouachi. L’Inquisition et la religion catholique plus généralement dont elle était l’émanation furent une chape de plomb écrasant la société qu’elles ont maintenu dans un obscurantisme tyrannique pendant des siècles.

    • Nicole dit :

      La religion catholique a amené la fin de la lapidation des femmes ou des homosexuels alors qu’elle était préconisée dans le judaïsme et l’Islam. Grâce à elle, le concept de peuple élu fut supprimé, tout le monde était à égalité devant Dieu. Les petits garçons n’avaient plus besoin d’être circoncis et les animaux ne subissaient plus une mort casher ou halal. La loi du plus fort, qui était celle des temps primitifs, avant d’être celle des pays communistes puis de la France actuelle, avait été bannie :

      Tout chef d’état (les rois) devait ainsi respecter les lois naturelles (dites lois de Dieu). Cette période qui va du baptême de Clovis en 496 à la Révolution Française fut celle de l’apogée de la France. Sous Louis XVI, le monde moderne parlait français. Cela ne pouvait que donner des envies de déstabilisation aux anglo-saxons, par le biais de leurs francs-maçons. C’est ainsi que fut organisé le chaos comme il l’est en ce moment en Libye et en Syrie. Les méthodes ne changent guère. Pierre Hillard explique bien cette stratégie dans l’histoire secrète de l’oligarchie :

  10. Lino dit :

    En dehors de l’Inquisition, il y avait la justice des seigneurs. Elle était bien plus brutale.

    Déjà au XVIe siècle, existait une guillotine connue en Europe propre à donner la mort sans causer de douleurs au patient. On lui avait donné le nom de maiden (la jeune fille, la vierge).

    Pour des motifs humanitaires, le docteur Joseph Guillotin (1738-1814) permit qu’elle puisse être améliorée pour de nouveau servir dès le 25 avril 1792.

    Au dix-septième siècle, comme la graisse humaine passait encore pour être un excellent remède contre les rhumatismes, le bourreau faisait aux apothicaires une concurrence redoutable. D’où la publicité faite par exemple par l’apothicaire Pomet pour la sienne « Nous vendons de l’axonge (saindoux) humaine que nous faisons venir de divers endroits, mais le bourreau en vend à ceux qui en ont besoin et nous n’en vendons que très peu. Néanmoins la nôtre est préparée avec des herbes aromatiques, sans comparaison de celle qui sort des mains des exécuteurs »

    La vente des cadavres humains constituait aussi une abondante source de revenu pour le bourreau. Il devait savoir faire sauter la tête d’un coup, manier le fer chaud, percer la langue, arracher les oreilles et les ongles, pendre, noyer, écarteler brûler, rouer, etc…

    Mais il était obligé de revêtir son habit de bourreau en tout temps (polychrome, rouge ou noir) car il était un paria.

  11. Laura dit :


    Dès le XVIe siècle, chez les théologiens protestants, la polémique contre l’Eglise catholique occupe une grande place. Ils se mettent à critiquer les croisades, l’Inquisition, la colonisation espagnole et portugaise dans le Nouveau Monde, le rôle et le faste de la cour pontificale… Les penseurs des Lumières au XVIIIe siècle vont ressortir les mêmes arguments en les actualisant. Au XIXe siècle, le rationalisme, le scientisme et les théoriciens des courants d’idées issus de la Révolution française vont se conjuguer pour mener un combat frontal contre l’Eglise, accusée de complicité avec l’ancien monde. il en sera de même, au XXe siècle, avec les partisans du matérialisme, du marxisme et de l’ultra-laïcisme qui mettront en exergue des épisodes du passé susceptibles de décrédibiliser le catholicisme. Cela dit, si on remonte plus haut dans le temps, depuis le Discours contre les chrétiens du philosophe romain Celse, au IIe siècle, jusqu’aux critiques de l’Eglise romaine par les auteurs byzantins à partir du XIe siècle, on s’aperçoit que les polémiques contre le christianisme recourent constamment à des arguments ou à des images tirées du passé.

    • Thomas dit :


      il est bon de se souvenir de l’action du pape Paul III qui interdit l’esclavagisme naissant dans le nouveau Monde suivant ainsi les pas d’Isabelle la Catholique.
      http://walkinginthedesert.com/2015/05/05/the-popes-against-slavery/

      En 1492, cinq juifs convertis au Catholicisme (Luis de Torres, Marco Bernai, Alonso de la Calle et Gabriel Sanchez) avaient convaincu Christophe Colomb de capturer cinq cents Indiens et de les vendre comme esclaves à Séville.

      Isabelle la Catholique 1451-1504) avait alors condamné fermement cette pratique, punit ces agissements et interdit l’esclavage des indiens. En 1530, renouvelant l’interdiction d’Isabelle la Catholique (décédée en 1504), Charles Quint promulgue un édit interdisant de réduire les Indiens en esclavage et de les priver de leurs biens. Le 29 mai 1537, le pape Paul III adresse au cardinal Jean de Tavera, archevêque de Tolède, la lettre Pastorale officium, qui approuve l’édit espagnol et va même, au nom de l’Église, beaucoup plus loin puisqu’elle menace d’excommunication les contrevenants. Peine conséquente à l’époque qui interdisait à tout chrétien de fréquenter une personne excommuniée. C’était la mort sociale temporaire !
      http://histoirerevisitee.over-blog.com/2018/10/le-pape-paul-iii-interdit-l-esclavage-des-indiens-dans-le-nouveau-monde.html

    • Laure dit :


      Pour comprendre les raisons de la première croisade, il faut tout simplement lire l’appel du pape Urbain II aux évêques, le 27 novembre 1095, à l’issue du concile de Clermont, pour demander d’aller au secours des chrétiens orientaux. Cet appel a été retranscrit, plusieurs années après, par Foucher de Chartres. Présent en Terre sainte en 1096, ce dernier est devenu le chapelain de Baudouin de Boulogne avant de mourir à Jérusalem en 1127. De 1100 à 1127, il a rédigé un récit de la première croisade, Historia Hierosolymitana, pour inciter les chevaliers occidentaux à se croiser. La croisade est conçue comme un pèlerinage pénitentiel pour racheter les chrétiens désunis, mais aussi comme un moyen de détourner la violence des chevaliers vers une lutte contre les « païens ».


      « Ô fils de Dieu ! Après avoir promis à Dieu de maintenir la paix dans votre pays et d’aider fidèlement l’Église à conserver ses droits, et en tenant cette promesse plus vigoureusement que d’ordinaire, vous qui venez de profiter de la correction que Dieu vous envoie, vous allez pouvoir recevoir votre récompense en appliquant votre vaillance à une autre tâche. C’est une affaire qui concerne Dieu et qui vous regarde vous-mêmes, et qui s’est révélée tout récemment (allusion possible à la venue d’une ambassade byzantine au concile de Plaisance en mars 1095). Il importe que, sans tarder, vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays d’Orient et qui déjà bien souvent ont réclamé votre aide.

      En effet, comme la plupart d’entre vous le savent déjà, un peuple venu de Perse, les Turcs, a envahi leur pays. Ils se sont avancés jusqu’à la mer Méditerranée et plus précisément jusqu’à ce qu’on appelle le Bras Saint-Georges (le Bosphore). Dans le pays de Romanie (l’Empire byzantin en tant que seul héritier de l’Empire romain), ils s’étendent continuellement au détriment des terres des chrétiens, après avoir vaincu ceux-ci à sept reprises en leur faisant la guerre. Beaucoup sont tombés sous leurs coups ; beaucoup ont été réduits en esclavage. Ces Turcs détruisent les églises ; ils saccagent le royaume de Dieu.

      Si vous demeuriez encore quelque temps sans rien faire, les fidèles de Dieu seraient encore plus largement victimes de cette invasion. Aussi je vous exhorte et je vous supplie – et ce n’est pas moi qui vous y exhorte, c’est le Seigneur lui-même – vous, les hérauts du Christ (les évêques), à persuader à tous, à quelque classe de la société qu’ils appartiennent, chevaliers ou piétons, riches ou pauvres, par vos fréquentes prédications, de se rendre à temps au secours des chrétiens et de repousser ce peuple néfaste loin de nos territoires. Je le dis à ceux qui sont ici, je le mande à ceux qui sont absents : le Christ l’ordonne.

      À tous ceux qui y partiront et qui mourront en route, que ce soit sur terre ou sur mer, ou qui perdront la vie en combattant les païens, la rémission de leurs péchés sera accordée. Et je l’accorde à ceux qui participeront à ce voyage, en vertu de l’autorité que je tiens de Dieu. Quelle honte, si un peuple aussi méprisé, aussi dégradé, esclave des démons, l’emportait sur la nation qui s’adonne au culte de Dieu et qui s’honore du nom de chrétienne ! Quels reproches le Seigneur Lui-même vous adresserait si vous ne trouviez pas d’hommes qui soient dignes, comme vous, du nom de chrétiens !

      Qu’ils aillent donc au combat contre les Infidèles – un combat qui vaut d’être engagé et qui mérite de s’achever en victoire –, ceux-là qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand dam des fidèles ! Qu’ils soient désormais des chevaliers du Christ, ceux-là qui n’étaient que des brigands ! Qu’ils luttent maintenant, à bon droit, contre les barbares, ceux-là qui se battaient contre leurs frères et leurs parents ! Ce sont les récompenses éternelles qu’ils vont gagner, ceux qui se faisaient mercenaires pour quelques misérables sous. Ils travailleront pour un double honneur, ceux-là qui se fatiguaient au détriment de leur corps et de leur âme. Ils étaient ici tristes et pauvres ; ils seront là-bas joyeux et riches. Ici, ils étaient les ennemis du Seigneur ; là-bas, ils seront ses amis ! »

      http://classes.bnf.fr/idrisi/pedago/croisades/urbain.htm#4

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s