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Cela va faire plus de trois mois que les étudiants du Québec, sont en grève, contre le projet gouvernemental d’augmenter de 75% les droits d’inscription à l’université. Des manifestations considérables ont déstabilisé ce gouvernement libéral, entraînant la démission de la ministre de l’éducation, Line Beauchamp.
Le premier ministre Jean Charest ne trouve rien de mieux à faire en ce 17 mai que de faire passer une « loi spéciale » visant à rendre illégale la grève et à criminaliser les étudiants en lutte. Pourtant cette loi ne contrevient-elle pas à la charte des droits et libertés ?
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/562184/projet-loi-reaction
Les organisateurs d’une manifestation de plus de 10 personnes devront communiquer leur parcours 8 heures avant. Et les personnes qui y participeront devront s’assurer que l’événement correspond aux renseignements fournis à la police et ne devront pas être à moins de 50 m des établissements d’enseignement. De très lourdes amendes sont prévues qui vont de 1000 à 5000 $ pour un individu. Pour les organisateurs ou un employé, l’amende est plus importante de 7000$ à 35000 $ par jour. Et pour les associations de 25000$ à 125000 $ par jour. Et en cas de récidive, on double l’ amende. Pourtant, selon un sondage Harris-Decima, les Québécois seraient à 60% contre la hausse des frais de scolarité !
Le néolibéralisme mondial en matière d’enseignement supérieur, entraînant l’augmentation de la part du financement privé des dépenses universitaires n’est donc pas démocratique. Car il n’y a pas qu’au Canada que cette pensée dominante fait des ravages. On l’a vu en hiver 2010 avec la grève des étudiants anglais ! Ou encore avec celle des étudiants chiliens l’année dernière.
Le mouvement des Indignés et d’Occupy Wall Street s’inscrit aussi explicitement contre ce modèle. Le cas des États-Unis commence à être mieux connu. Dans un article , intitulé « Endettement étudiant : une bombe à retardement aux États-Unis », le quotidien Le devoir faisait le point sur la dette des étudiants américains. Elle a quintuplé en douze ans pour atteindre mille milliards de dollars, soit une dette moyenne par étudiants de 25 000 $. Plus du tiers des dettes d’étudiants sont « titrisées », c’est-à-dire regroupées puis cédées à des investisseurs sous forme de produits dérivés.
Non seulement les étudiants américains sortent lourdement endettés de leurs études, mais leurs perspectives d’emploi sont à leur plus bas niveau. A l’heure actuelle, pécuniairement parlant, il leur est donc préférable de ne pas se lancer dans des études. C’est l’appauvrissement intellectuel organisé pour toute une classe d’âge !